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Psychologie

Quel monde merveilleux?

10 avril 2008

Psychologue invitée : Marie-Claude Poirier

«Moi, je ne veux pas avoir des enfants dans un monde aussi malade! L'être humain est de plus en plus individualiste et égocentrique. Les valeurs de partage et d'entraide perdent leur place pour des valeurs matérialistes. Chacun pour soi, pourvu que je sois meilleur que toi! On est coincé dans une image de ce que l'on croit être l'idéal, plutôt que d'être vrai. On devient ce qui est souhaité plutôt que d'être ce que l'on souhaite. L'important, c'est de sauver sa peau, faire de l'argent, devenir puissant peu importe les dommages qui seront causés.»

Est-ce que ce discours vous est familier? Peut-être l'avez-vous déjà entendu? Peut-être en étiez-vous l'auteur? L'être humain est-il si égoïste, si malade? En regardant les nouvelles relatant toute la souffrance et la violence, je suis tentée de croire, moi aussi, que notre monde est rempli de haine, de mépris et d'absence de sens. Cependant, quelque chose en moi m'empêche de me résoudre à cette idée. Ça ne peut être ça, la vérité!

Ombre

Il est difficile de nier le côté obscur de l'humain. On n'a qu'à penser au génocide au Rwanda, à la guerre en Afghanistan, à Columbine, aux attentats du 11 septembre. Plus près de nous, il y a eu la tuerie du collège Dawson, la saga Norbourg, le scandale des commandites… je pourrais poursuivre pendant des pages. Les tueries, les fraudes, les crimes et les actes terroristes se multiplient. Comment expliquer toute cette noirceur? Certaines réflexions peuvent éclairer cette question…

Il semble que l'être humain soit fait entre autres de pulsions : de vengeance, de sexe, de rage, de désir, etc. On préfère souvent fermer les yeux sur ces dernières, car elles peuvent être dérangeantes. Toutefois, elles sont souvent plus dangereuses inconscientes que conscientes. On n'a pas de pouvoir sur ce que l'on ressent, mais on peut choisir ce qu'on fait avec.

De plus, il semble que l'humanité porte une souffrance à l'état brut. Chaque être a une histoire blessée qui continue de se manifester dans le présent. Cette blessure provient de tous les manquements d'empathie et de tous les messages explicites ou implicites du non-droit à l'existence tel que je suis. Ce parcours crée des zones sensibles qui risquent d'influencer notre présence à l'autre et à la collectivité.

Lumière

Au moment où je me résous à l'idée que l'être est égoïste, des histoires me reviennent à l'esprit…

Marie-Louise a 17 ans et elle perd subitement sa mère à la suite d'un accident de voiture. Cette dernière laisse dans le deuil 5 enfants de 4 à 17 ans. Touchés par cette épreuve, les gens du village se relayent pendant des semaines et viennent porter des repas chauds sur le balcon de la famille érpouvée.

Mathieu remarque que personne n'aime Nicolas. Les gens le trouvent critique et désagréable. Il décide de s'approcher de lui en se disant que derrière sa façade, se cache de la beauté. Il engage la discussion avec lui, lui demande comment il va, l'invite à des activités, lui présente ses amis, etc. Au début, il reçoit des attaques de Nicolas, des remarques désagréables, mais il persévère. Aujourd'hui, Nicolas n'est plus le même homme. Il est devenu lumineux et il a des amis. Il sera toujours reconnaissant envers Mathieu d'avoir vu du beau en lui au moment où il se trouvait si laid et repoussait tout le monde.

Je suis certaine que si vous fouillez dans votre mémoire, vous avez de ces histoires d'amour, de ces actes de bonté. Prenez le temps d'y penser et vous serez forcés d'admettre que l'amour est bien là, parmi nous. L'être humain est aussi beauté, compassion et grandeur.

Et pourquoi pas les deux…

Pour moi, l'humain est à la fois grand et petit… merveilleux et blessé. Je dois toutefois me confesser, j'ai tendance à vouloir voir sa beauté. Qui sait, nommer le beau chez une personne pourrait peut-être avoir l'effet de l'amplifier. L'histoire de Mathieu et Nicolas en est un bon exemple. Toutefois, le véritable défi est de reconnaître la personne dans sa lumière… et de l'aimer dans son ombre!

En collaboration avec le Service de psychologie et d'orientation.